Une récent étude menée auprès de 24 502 étudiants du collégial propose d’examiner les natifs du numérique sous l’angle des usages des technologies en éducation.
Ainsi, au sein d’une même génération, il pourrait y avoir une grande variabilité dans le développement de la littératie numérique, qui n’est pas uniquement basée sur l’âge ou sur la variabilité des conditions d’accès à la technologie. Néanmoins, l’hypothèse d’une génération de « natifs du numérique » semble bien ancrée dans le vocabulaire usuel, allant même jusqu’à être intégrée dans des écrits officiels, dont certains du gouvernement du Québec.
À la lumière du débat sur les natifs du numérique, les auteurs de l’article proposent d’examiner l’hypothèse générationnelle selon des données empiriques provenant d’étudiants collégiaux francophones québécois. Le projet vise à répondre à la question générale suivante : quelles sont les différences générationnelles des étudiants relativement à la littératie numérique ? De plus, les questions secondaires suivantes sont posées :
Réalisée en mai 2011, cette étude est le fruit d’une enquête en ligne effectuée auprès de l’ensemble des étudiants inscrits aux secteurs régulier et technique dans un établissement collégial du Québec, que celui-ci soit francophone, anglophone, privé ou public. Au total, 24 502 étudiants collégiaux, dont l’âge moyen était de 20 ans, ont participé à cette recherche.
Les répondants ayant 21 ans et moins ont été identifiés comme étant des « natifs numériques » (année de naissance = 1991 ou plus), les répondants ayant entre 22 et 31 ans seront identifiés comme étant des « pré-natifs du numérique » et les répondants ayant 32 ans et plus seront identifiés comme étant des « immigrants numériques ».
Les résultats confirment ce que d’autres ont conclu : les natifs du numérique sont, en partie du moins, un mythe. S’il existe certaines différences entre cette génération et les précédentes, elles sont subtiles et pas si importantes. Les natifs du numérique sont à peine plus branchés que les pré-natifs, soit la génération précédente. Voici quelques résultats révélateurs :
La perception que la technologie est réellement utile pour les apprentissages est aussi importante pour les répondants de chaque génération. Toutefois, cela ne permet pas de valider qu’ils sentent le besoin d’apprendre à partir des technologies. La perception de l’utilité pédagogique des TIC est plus importante chez les technophiles que chez l’usager moyen, et on retrouve moins de technophiles dans la génération des immigrants que dans les autres générations.
Selon les auteurs de l’étude, il semble essentiel d’éviter les grandes généralisations, mais plutôt de s’intéresser aux facteurs institutionnels, contextuels et personnels qui pourraient avoir des effets sur le niveau de développement des compétences numériques. Selon leurs résultats, l’ensemble des étudiants utilise les technologies, mais celles-ci ne sont pas toujours exploitées à leur plein potentiel en éducation.
En somme, ils n’ont pas appris à apprendre avec les technologies, ce qui nuance la vision selon laquelle les « natifs du numérique » seraient plus compétents numériquement que les générations précédentes.
Roy, N., Gareau, A., Poellhuber, B. (2018). Les natifs du numérique aux études : enjeux et pratiques. La Revue canadienne de l’apprentissage et de la technologie 44(1), hiver 2018.
Mots-clés: Compétences essentielles